UNE ROUTE POLLUANTE
L’étude réalisée pour le PCAET (plan climat air énergie) de la communauté de communes Loue Lison montre que les communes situées à proximité de la RN83, sur le tronçon Rennes sur Loue- Chenecey ont une mauvaise qualité de l’air, alors que nous sommes dans une zone très rurale, avec de grands espaces boisés ou de cultures. Les riverains constatent chaque jour le dépôt de résidus de carburants, noirs, sur les habitations et les équipements à proximité de la route. Il est à noter que de nombreuses exploitations agricoles dont les terres sont traversées par la RN sont en agriculture biologique et que la route traverse les vignobles d’Arbois et du Jura.
Selon l’usine nouvelle, dans un article publié le 19/02/2020 :
«Les poids lourds, qui représentent 5 % des véhicules en Europe, contribuent pour 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), soit 5 % du total des émissions. Une tonne transportée émet cinq à six fois plus de GES avec un poids lourd qu’avec un train . Conscient du problème, le Parlement européen a voté une baisse des émissions de CO2 pour les futurs camions de 15 % en 2025, puis 30 % en 2030. Un objectif insuffisant pour tendre vers la neutralité carbone.»
“En France, les réductions d’émissions de GES vont deux fois moins vite que prévu en ce moment. Elles doivent tripler d’ici à 2025, rappelle Corinne Le Quéré, la présidente du Haut conseil au climat. Et le transport qui est la source d’émissions la plus importante en France est à la traîne. Tous les indicateurs le montrent.” Dans l’Hexagone, le transport représente 33 % des émissions de gaz à effet de serre selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, dont 40 % pour le transport de marchandises.
Dans le cadre du projet Equilibre, étude indépendante menée par un consortium de transporteurs cherchant à comparer les mérites respectifs du diesel et du gaz, 15 poids-lourds de 19 à 44 tonnes ont été instrumentés pour analyser leurs performances environnementales en conditions réelles d’usage. Les données de 12 d’entre eux ont finalement pu faire l’objet d’un traitement, afin de répondre à l’ensemble des critères scientifiques imposés par le cahier des charges. L’objectif de cette démarche est de mesurer les consommations et les émissions de CO2 et NOx de poids-lourds GNV et Diesel, et ainsi guider les transporteurs dans leurs choix énergétiques en fonction de leurs usages. Au total, plus d’1 million de kilomètres ont été parcourus par les véhicules instrumentés, sur une période allant de mars 2016 à février 2018. Une première analyse statistique des données menée par l’IFSTTAR avait mis en évidence 3 facteurs d’influence principaux sur la consommation moyenne et les émissions de polluants. Il s’agissait de :
- La fréquence des accélérations (variabilité de la vitesse), qui est relié au type de route emprunté autoroute, route, urbain…) au travers des infrastructures et des conditions de trafic
- Le cumul de dénivelés positifs sur le trajet› Le poids total en charge du véhicule .
- Le nombre de “relances” du véhicule sur un trajet a donc un impact fort sur sa consommation et ses émissions de NOx. »
- Les poids-lourds circulant sur route congestionnée ont consommé 10% de carburant (Diesel ou GNV) de plus que sur une route fluide. »
Rappelons que le NOX est classé cancérogène avéré et que le rapport d’émission est de 98 kg pour 100 kms sur RN par rapport à 39 kg sur autoroute, 133 kg en agglomération (ex Samson, Larnod, Grange de Vaivre… et 175kg en milieu urbain (Beure, Micropolis…)
Les émissions de CO2 sont 60 % plus importantes sur RN que sur autoroute.
La pollution sonore est évidente pour tous ceux qui vivent au voisinage de la route. De nombreuses études ont montré l’impact important du bruit sur la santé des personnes soumises à ce stress. Les vibrations provoquées par les poids lourds sont insupportables pour les riverains les plus proches. La congestion du trafic à laquelle les camions contribuent fortement incitent les usagers de la RN83 à prendre des itinéraires alternatifs dans les petites rues de villages (Larnod, Beure…) ce qui augmente grandement les nuisances et les dangers sur des routes inappropriées.
Dans certains villages, la mortalité anormalement élevée due aux cancers interroge. Dans un village de 86 habitants, coupé par le RN 83, 8 personnes sont décédées d’un cancer en 2 ans, soit un taux de mortalité par cancer de 10 % alors que dans le même laps de temps la mortalité en France pour ce type de maladies est de 0,5 %. Nous ne pouvons pas affirmer que la pollution est la seule cause de ces maladies, mais il est nécessaire de mener une étude approfondie.
Les déchets abandonnés par les poids lourds sont une autre source de pollution. Le trafic de transit est assuré principalement par des entreprises des pays de l’est, où les chauffeurs routiers sont les nouveaux « forçats » de la route. Ils ne s’arrêtent que rarement sur les aires bien aménagées, par souci d’économie et campent le week-end sur des zones inadaptées, générant beaucoup de déchets. Les bouteilles d’urine balancées depuis les camions le long de la RN illustrent bien le besoin de gagner du temps à tout prix.
Il y a donc un intérêt évident à court terme à faire passer le trafic des poids lourds sur l’autoroute, où la pollution engendrée est moindre, dans l’attente du développement de modes de transports plus respectueux de l’environnement ( ferroutage, …). Les infrastructures autoroutières sont en général plus éloignées des habitations et les aires mieux aménagées pour les chauffeurs routiers.